Et si l'avenir de l'Europe de la défense passait par les drones ? Par Jean-Michel Palagos, Pdg de DCI.
Et si l'avenir de l'Europe de la défense passait par les drones ? En 2013, l'ancienne haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de la Commission européenne, Catherine Ashton, identifiait quatre secteurs prioritaires pour relancer la défense européenne. L'un d'entre eux consiste à promouvoir, dans un cadre européen, le développement de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance). Cet objectif, en passe de devenir réalité, reposerait ainsi sur la coopération de pays de l'UE dans ce secteur en plein essor.
Travailler ensemble grâce à un système générique
Les pays européens dotés des technologies drones opérationnelles et engagés sur un même théâtre d'opération coordonnent d'ores et déjà leurs actions sur le terrain, en amont. Ils se répartissent par exemple des zones de surveillance. Une nouvelle étape est sur le point d'être franchie. La coopération entre Défense Conseil International (DCI), en tant que chef de file, et Diginext a convaincu l'Agence européenne de défense (AED) qui vient de nous confier le développement, le déploiement et la mise à disposition d'un démonstrateur de simulation pour la formation à l'emploi de drones MALE. Neuf pays sont concernés par ce contrat : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni. Grâce au simulateur UAV-X de Diginext, un système générique qui permet de simuler tout type d'aéronef UAV (drone MALE ou tactique), et au savoir-faire de DCI en termes de formation, la coopération entre ces neuf pays est désormais renforcée. Le dispositif de simulation distribuée qui leur est proposé permet de réaliser des exercices et des entrainements conjoints mis en réseau. Il ne s'agit pas de former les armées de ces pays à l'utilisation d'un drone en particulier, mais de leur apprendre à travailler ensemble, ce qui est rendu possible grâce à ce système générique. Là réside l'originalité de la démarche. La livraison des deux premières machines, à la France et à l'Italie, est prévue pour octobre 2017. Les autres suivront d'ici fin 2018. Au terme du programme, les neufs pays en seront équipés.
Une communauté européenne du drone à l'horizon 2018
Au-delà de ce changement radical de perspective, ce projet participe à la constitution d'une réelle communauté européenne du drone, qui se concrétisera à différents niveaux. La communauté des experts des drones MALE fonctionne actuellement sur un modèle de collaboration reposant sur des échanges en amont ou en aval d'un exercice ou d'une mission. Avec ce démonstrateur de simulation distribuée, est désormais visée une coopération opérationnelle en temps réel. Les utilisateurs des différents pays apprendront à travailler en simultané, sur un même scénario et dans un même environnement. La formation des experts et des utilisateurs européens en sera harmonisée. Sur le plan opérationnel, l'objectif final est de faire fonctionner en réseau, sur le terrain, différents drones capables d'échanger les informations et les ordres de mission pour gagner en performance. Au-delà, nous pouvons imaginer que ce projet serve de base pour spécifier les caractéristiques d'un drone MALE européen, qui équipera les différentes armées des membres de l'Union Européenne. Le programme répond également à un but d'interopérabilité accrue, dans un domaine qui gagne chaque jour en importance. De même qu'adhérer à l'Otan ou à la Politique de sécurité et de défense commune a conduit les pays membres à s'entendre sur des règles d'emploi communes pour leurs forces aériennes, cette coopération permettra d'établir et de valider des procédures concernant la mise en œuvre opérationnelle de drones MALE. A terme, il peut être envisagé qu'émerge une doctrine européenne de l'emploi des drones. Ce projet représente donc un premier pas vers une coopération plus structurée et permanente dans le domaine des drones. Cet article est © LA TRIBUNE.
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